Les errements de la planification scolaire à Saint-Cergue
- AM
- 3 févr. 2021
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 févr. 2021
Une des grandes fiertés de la précédente législature, c’est l’école du Vallon. De quoi parlons-nous ?

Un petit rappel historique est peut-être important.
Dans les années 80, Saint-Cergue comptait une école qui était située en face du restaurant des Cytises. Très vite, cette école est devenue trop petite. En 1989, Saint-Cergue a construit l’école de Basse-Ruche, puis en 1994 l’école Jean-Jacques Rousseau et enfin, en 2019, l’école du Vallon a été livrée. L’école de Basse-Ruche a été démolie l’année suivante. L’école Jean-Jacques Rousseau devait devenir un parking dont la commune a tant besoin.

Pour commencer, parlons de l’école du Vallon. Elle a été construite pour remplacer Jean-Jacques Rousseau et en espérant que l’école du Bix (Arzier-Le Muids) serait construite dans les temps. Vœux pieux, mais dans un pays où les oppositions sont un sport national, n’importe quel intervenant-e qui a déjà travaillé sur un projet de construction aurait pu imaginer qu’une telle construction allait susciter l’animosité des riverain-e-s. Les oppositions étaient donc largement prévisibles et il était certain que le projet aurait du retard. De plus, nous savons déjà qu’il y a de fortes chances que la population de la commune passe le cap des 3000 habitant-e-s durant la prochaine législature. Cette croissance apportera un nombre conséquent d’enfants.
Malgré cela, l’école du Vallon a été construite de manière déjà sous-dimensionnée pour les enfants actuellement dans le village. Dès sa mise en service, la commune a dû en urgence voter un crédit de plus de 800'000 francs supplémentaires pour rénover à la hâte l’école Jean-Jacques Rousseau. Ce crédit supplémentaire n’est pas un succès, c’est la conséquence d’un manque de vision. Ce d’autant plus que le bâtiment Jean-Jacques Rousseau est provisoire en attendant que l’école du Bix soit construite. Une fois les enfants déplacé-e-s là-bas, selon le préavis, il devrait être « affecté à un autre usage ». Lequel ? Nous l’ignorons. Imaginons que le fameux parking soit fait, nous aurons brulé 800'000 francs.

Actuellement, les candidats sortants et leurs colistières se félicitent de cette opération. Ils nous expliquent que Saint-Cergue a augmenté de 84% le nombre de classes et disent avoir une capacité de 220 élèves, 11 classes et 45 places libres. Il convient donc de vérifier ces chiffres. 220 élèves pour 11 classes, c’est 20 élèves par classe. A l’heure actuelle, les enseignant-e-s de Saint-Cergue peuvent donner un enseignement de qualité car elles/ils n’ont que 15 à 16 élèves par classe. 175 élèves sur 11 classes c’est un peu moins de 16 élèves. Alors oui, nous pouvons monter à 20. Au niveau de la surface, c’est sans doute possible. Mais cela aura dans tous les cas des conséquences sur la qualité de l’enseignement et sur le temps que les enseignant-e-s auront à dédier à chaque élève. Il deviendra aussi extrêmement compliqué de garder des classes en double degrés qui font progresser plus vite les élèves. Il est donc triste de constater que pour défendre une conception loin de l’intérêt réel de nos enfants, on tente de se justifier en acceptant de baisser leur niveau de bien-être. Il ne faut donc pas se leurrer. Actuellement, le Vallon et Jean-Jacques Rousseau sont pleins. 11 classes de 15 à 16 élèves. Les chiffres de l’AISGE (page 23 du document AISGE-présentation procédure pour futures constructions scolaires-CI AISGE 02.02.2017 disponible en bas de cet article) nous informent qu’une augmentation du nombre d’élèves habitant Saint-Cergue de l’ordre de plus de 30 élèves est attendue d’ici 2026. Il est raisonnable de penser que ces chiffres datant de 2017 soient en dessous de la réalité. Dans le meilleur des cas, dans 10 ans, nous seront donc condamné-e-s soit à baisser la qualité d’enseignement de nos enfants, soit à remettre la main à la poche pour trouver de nouveaux espaces de cours. En Suisse, les bâtiments sont en principe construits pour 100 ans. A Saint-Cergue, nous avons construit 3 écoles en 30 ans, soit une tous les 10 ans. Systématiquement sous dimensionnées face à l’avenir, sur ces trois écoles, une est déjà démolie, une autre était appelée à la démolition car insalubre et la dernière est trop petite. La démonstration ci-avant montre qu’en plus, il faudra sans doute un quatrième bâtiment dans les 10 ans. Il est temps que ce gaspillage cesse. D’un point de vue conception, l’école du Vallon démontre encore une fois un manque de vue d’ensemble. Pour commencer, parlons de son emplacement. Depuis toujours, les pistes de ski sont là et la descente coté caserne des pompières/ers sert de piste de luge aux enfants. Il était donc prévisible que le bout de goudron qui sert opportunément de préau aux petit-e-s écolières et écoliers servirait de passage aux skieurs et skieuses. Il était prévisible que les enfants seraient en classe alors que les petit-e-s genevois-es font de la luge sous leurs fenêtres. Il était prévisible aussi qu’en cas de forte affluence pour le ski et la patinoire, les parents vivraient un parcours du combattant pour aller chercher leurs enfants. Malgré tous ces points, elle a été faite ainsi.



De plus, on sait aujourd’hui que le réchauffement climatique est un problème que nous devrons affronter. Si nous prenons tou-te-s des mesures pour le limiter, nous devons aussi prévoir comment faire pour vivre avec. C’est pourquoi la conception des écoles doit en tenir compte. Nombre d’urbanistes le disent, il faut prévoir des zones d’ombre pour les périodes de forte chaleur. Dans de nombreux cantons, les nouvelles écoles prévoient des préaux avec ce genre d’aménagements. L’école du Vallon offre un pseudo préau où les enfants sont sur du bitume et entre deux parois, une de béton et l’autre en béton légèrement boisé. Sans être expert-e, il est claire que cette question n’a pas été mise sur la table.

Enfin, les municipaux sortants crient haut et fort leur volonté de voir construite l’école du Bix à Arzier-Le Muids. Projet pharaonique s’il en est, qui coutera la bagatelle de 38'000'000 de francs à la collectivité, sans compter les dépassements usuels des chantiers de l’Etat. Alors oui, ce n’est pas Saint-Cergue qui payera l’entier du chantier. Mais nous savons que les années à venir seront difficiles et que les rentrées fiscales seront en baisse. Malgré cela, on fait la promotion de l’école du Bix comme l’arrivée du messie ! Ce qu’on ne nous dit pas, c’est que selon le rapport de la Commission de gestion du Conseil communal de Saint-Cergue du 9 juin 2020, les premières estimations des coûts pour Saint-Cergue sont de 6 points d’impôts annuel. Cela représente un peu plus de 600'000.- par an. Soit 6'000'000 en 10 ans. Presque une nouvelle école. Plus grave encore, la même commission a bien exprimé à la municipalité que ces coûts ne pourraient être financés que par une augmentation d’impôts. La municipalité n’en a pas tenu compte et est toujours vent debout sur ce projet. Nulle part il n’est annoncé qu’ils allaient renégocier. Si nous sommes élu-e-s, nous le ferons. Nous n’avons pas à payer les errements du passé.

La planification scolaire ne se fait pas dans l’urgence. Il est important de prévoir ce qui va se passer non pas dans 5 ans mais dans 20 ans. A Saint-Cergue, on est loin du compte. Nous travaillerons donc pour éviter que les erreurs du passé soient refaites et nous ferons en sorte que le moindre franc investi pour nos enfants le soit de manière réfléchie et efficace sur le long terme. Rappelons qu’il n’y a pas d’argent public, il n’y a que l’argent des contribuables, le vôtre en somme.
Le 7 mars, votez et faites voter liste 1 au municipal et liste 3 au communal
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